Places de parking ou toilettes pour personnes en fauteuil roulant, émissions sous-titrées pour malentendants, indications en braille pour malvoyants, l'intégration des personnes en situation de handicap est depuis une vingtaine d'année une question importante pour les sociétés occidentales. Il était donc normal que les nouvelles technologies s'y intéressent. Les progrès accomplis ces dernières années tant au niveau informatique, domotique que robotique ont permis d'améliorer sensiblement le quotidien des personnes souffrant de déficience sur le plan moteur, sensoriel ou bien mental, qui bénéficient par conséquent d'une bien meilleure qualité de vie.
Applications, objets connectés ou encore membres robotiques, quelles sont donc ces dispositifs qui accompagnent les personnes en situation de handicap au quotidien ?
Les applications Smartphone
Une application dédiée aux handicaps moteurs
De nombreux lieux et commodités sont accessibles aux personnes en fauteuil. Mais comment savoir si le dernier restaurant à la mode dispose bien de places pour handicapés à proximité ou bien s'il est possible d'y rentrer en fauteuil ?
Bars, restaurants, centres commerciaux, musées ou encore écoles, J'accède mobile, répertorie tous les lieux auxquels les personnes à mobilité réduite peuvent accéder facilement.
Collaborative, l'application permet de commenter les lieux répertoriés et d’enrichir également la base en ajoutant de nouveaux lieux.
Les applications dédiées aux handicaps sensoriels
Les non-voyants peuvent certes se déplacer seuls, mais ne peuvent se rendre compte des changements de leur environnement. Où aller acheter une baguette, par exemple, si la boulangerie sur la route de la maison est fermée aujourd'hui ? Pour les aider dans leurs déplacements, Blindsquare leur décrit l'environnement dans lequel ils se trouvent, leur indique les lieux d'intérêt à proximité et les informe des intersections.
Autre application à destination des malvoyants, Be My Eyes les met en relation avec des voyants via vidéo, leur permettant ainsi de demander de l'aide en cas de besoin.
Les malentendants, de leur côté, ont parfois du mal à savoir ce qu'il se passe autour d'eux et se sentent de ce fait, rapidement exclus. Pour y remédier, Ava propose de « traduire », grâce à la reconnaissance vocale, en temps réel, les conversations autour d'eux pour leur permettre d'y participer.
Celles à destination des handicaps mentaux
Il existe également de nombreuses applications à destination des enfants autistes ou encore trisomiques, comme par exemple Learnenjoy dédiée à l'apprentissage de la communication, l'écriture, les mathématiques ou encore les règles sociales via des jeux.
Les objets connectés
Les objets connectés à destination des personnes en fauteuil
Les tâches qui nous paraissent simples de prime abord, se révèlent parfois être de vrais défis pour les personnes handicapées. Comment, par exemple, ouvrir les volets, allumer le chauffage ou la lumière quand on a du mal à se déplacer ? Grâce à la domotique et aux systèmes comme Fibaro, il est désormais possible de contrôler sa maison tout simplement depuis son Smartphone.
Ceux qui reçoivent beaucoup de visites, peuvent compter sur les serrures connectées pour verrouiller et déverrouiller leur porte d'entrée à distance. Parmi celles-ci, on trouve Schlage Sense pour les utilisateurs d'iPhone, présentée au CES 2016 ou encore Okidokeys.
Serrure connectée Schlage Sense
Objet pas encore tout à fait accessible au grand public mais qui ne saurait tarder, le fauteuil roulant connecté. Le projet Connected Wheelchair est le fruit de 10 années de recherche entre Intel et le célèbre physicien Stephen Hawking. Ce fauteuil connecté est ainsi capable de mémoriser les trajets de son utilisateur, de lui indiquer des informations sur l'accessibilité des lieux alentours, mais également de contrôler l'activité cardiaque, la température du malade et de prévenir les secours en cas de besoin.
Autre fauteuil connecté, le Neuromoov, développé par des ingénieurs de l'école ESME Sudria, qui se contrôle par la pensée grâce à un casque EEG placé sur la tête de son utilisateur. Le fauteuil réagit ainsi aux ondes cérébrales ainsi qu'aux mouvements de yeux, informations envoyées via Bluetooth au fauteuil électrique qui réagit en fonction.
Les objets pour accompagner les personnes souffrant de handicaps sensoriels
Il existe sur le marché de nombreux objets connectés à destination des malvoyants et malentendants et ces objets révolutionnaires sont capables de se substituer à l'organe déficient de leurs utilisateurs pour les aider au quotidien.
Pour aider les malvoyants dans leurs déplacements, la société indienne Ducere Technologies a développé Lechal, une paire de chaussures Bluetooth capables de guider leur utilisateur dans ses déplacements à l'extérieur. Ces chaussures connectées envoient ainsi des vibrations de différentes intensités pour indiquer le trajet à suivre. Elles disposent de plus, des mêmes fonctionnalités qu'un bracelet connecté et peuvent être utilisées pour suivre son activité physique, compter ses pas, les calories dépensées, etc.
Projet développé par cinq étudiants de l’Ecole Supérieure des Sciences et Technologies de l’Ingénieur de Nancy, la canne Visio, permet aux malvoyants de se déplacer en toute sécurité, et leur offre une plus grande autonomie, en leur apportant des informations uniquement accessibles aux personnes voyantes. La canne Visio, peut par exemple indiquer à son utilisateur de quel couleur est le feu pour traverser, les obstacles qu'il va rencontrer en sonnant ou bien s'il passe devant une boulangerie pendant sa promenade. Dotée du WiFi, de la 3G et du GPS, cette canne peut également aider son utilisateur à retrouver son chemin s'il se perd.
Toujours à destination des malvoyants, la bague fingreader, toujours à l'état de projet, est capable de lire le contenu d'un livre et de le retranscrire oralement à son utilisateur.
Conçu pour les sourds et malentendants, le bracelet connecté Unitact permet aux sourds de communiquer avec leur entourage et d'attirer leur attention, grâce à un système de vibrations, l'intensité et la durée des vibrations correspondant à un message différent configurable à partir de l'application.
Les objets connectés pour aider les enfants souffrant de handicap mental
Pour aider les enfants atteints d'autisme, de trisomie et de tout autre déficience mentale, l'équipe Leka a développé un petit robot ludique et interactif. Conçu en collaboration avec des médecins, ce petit robot a pour but de stimuler intellectuellement les enfants pour faciliter l'accompagnement à domicile. A l'aide de musique, de son, de lumière ou encore de pictogrammes, Leka va aider l'enfant à développer des capacités d’interaction sociale, d'autonomie ou encore va faciliter son développement psychomoteur.
Les Smartwatches peuvent elles aussi se révéler d'excellents compagnons. Couplée avec l'application WatchHelp, créée par la maman d'un jeune enfant autiste, une Smartwatch pourra par exemple, rappeler à son utilisateur son emploi du temps, les tâches à accomplir et lui dicter le comportement à adopter lors de certaines situations complexes. La montre enverra également des alertes à ses proches pour vérifier que les tâches ont bien été accomplies. L'application peut également être utilisée par des enfants hyperactifs, des malades d’Alzheimer, de Parkinson et même atteints de la sclérose en plaques.
La robotique, nouvel espoir pour les handicaps physiques
Membres bioniques ou exosquelettes ne font plus partie du domaine de la science-fiction mais sont d'ores et déjà une réalité.
Parmi les stars de la robotique, on compte l’américain Hugh Herr, dirigeant du laboratoire de bio-mécanique MIT. Amputé des deux jambes à 17 ans, le scientifique se déplace désormais à l'aide de prothèses intelligentes baptisées BiOM T2 directement connectées à son système nerveux via des électrodes fixées sur les muscles.
Fonctionnant de la même manière que des jambes humaines, ces jambes bioniques sont contrôlées par six microprocesseurs et effectuent une multitude de calculs en permanence, en fonction de la position de leur utilisateur et de facteurs extérieurs comme le type de sol ou l'inclinaison.
Pour les jambes mais aussi les bras, la prothèse du constructeur Bebionic, qui fonctionne selon le même principe que les jambes BiOM T2, est reliée aux muscles de son porteur et effectue des mouvements en fonction des signaux nerveux envoyés par le cerveaux. BeBionic, qui nécessite une configuration via un logiciel dédié, est capable de reproduire quatorze mouvements de la main pour permettre à son utilisateur d'effectuer des gestes simples comme allumer un interrupteur, cuisiner, écrire ou encore conduire.
Grâce à la robotique, se tenir sur ses deux jambes et remarcher n'est plus un rêve pour les paralysés mais une réalité. Conçu par la société israélienne Argo Medical, ReWalk est un exosquelette, c'est-à-dire un dispositif robotique externe qui va soutenir son utilisateur pour lui permettre de se tenir debout.
Rewalk est capable de détecter les plus petits mouvements de son utilisateur ainsi que ses changements de centre de gravité et l'accompagne dans ses déplacements grâce à de petits moteurs placés au niveau des articulations et des hanches. Il permet à son utilisateur de marcher à une vitesse de 2,55 km/h et de monter ou descendre des escaliers. Autre avantage de Rewalk, en permettant au paralysé de se relever, les troubles provoqués par le maintien en position assise comme les troubles respiratoires, cardiovasculaires et digestifs sont également limités. A terme, ses inventeurs souhaiteraient que l'exosquelette puisse être contrôlé par le cerveau, chose qui sera possible dans un avenir proche grâce aux dernières innovations en matière de casques EEG.
Inconvénient cependant, le prix de vente de cette merveille technologique, qui s'élève tout de même à 68 000 euros, même si ses constructeurs ont l'espoir que les compagnies d'assurance prennent en charge au moins une partie.
Enfin, un évènement consacré aux nouvelles technologies dédiées aux handicaps physiques, les jeux olympiques robotiques ou Cybathlon dont la première édition se déroulera en octobre 2016 à Zurich, permettront aux sportifs porteurs de membres bioniques ou d'exo squelette de s'affronter lors de différentes épreuves. Cet événement récompensera non seulement les athlètes mais également les laboratoires de recherche, l'initiative ayant pour but de promouvoir ces nouvelles technologies et d'en faire avancer le développement pour les rendre accessibles au plus grand nombre.
Qu'il s'agisse de simples applications, d'objets connectés ou encore de membres bioniques, les nouvelles technologies offrent aux personnes handicapées et à leur entourage un meilleur accompagnement au quotidien ainsi qu'une meilleure qualité de vie. Si un simple Smartphone avec la bonne application, est suffisant pour accompagner un enfant handicapé en l’aidant à développer ses capacités mentales, il reste cependant encore de gros progrès à faire, quant à l’accessibilité des technologies plus coûteuses comme les membres bioniques ou exosquelettes, au risque de voir augmenter les inégalités devant l'accès aux technologies.
Photo Credit: Keoni Cabral via Compfight cc
