SexTech Hack à Londres, #SexTech à Bruxelles ou encore SexTechLab à Paris, les « hackatons », (mot-valise constitué de hack et marathon) ces événements rassemblant entrepreneurs, concepteurs et investisseurs et visant à développer et tester rapidement une grande variété de projets pour faire émerger les talents et jeunes start-up, se multiplient autour de la thématique du sexe. Portée par l’industrie pornographique, la SexTech connaît un nouveau souffle et de nombreux objets sexuels intelligents ont pu voir le jour des dernières années notamment grâce à l’avènement de la réalité virtuelle.
Quel rôle l’industrie du X joue-t-elle exactement sur le marché des objets connectés et quels sont ces jouets pour adultes qui viennent agrandir la famille des objets connectés ? Découvrez la montée en puissance de la SexTech sur le marché des objets connectés.
Industrie pornographique et nouvelles technologies main dans la main
De plus en plus nombreuses, les initiatives portées par l’industrie pornographique ne font que confirmer son attrait pour les nouveautés technologiques. Que ce soit le minitel ou plus récemment la réalité virtuelle, l’industrie pornographique et ses acteurs ont souvent été les moteurs de leur démocratisation. En France dans les années 80, le Minitel, l’ancêtre pas si lointain d’internet, doit son succès et son implantation massive dans les foyers grâce au Minitel Rose et à ses services de chat anonyme. Aujourd’hui, les progrès réalisés dans le secteur de la VR et la production de contenu peuvent également être attribués à l’industrie du X et aux investissements dans la conception et développement de matériel d’enregistrement 3D.
Mais si l’industrie pornographique a participé au développement et à la démocratisation des nouvelles technologies, pourquoi y a-t-il encore si peu d’entreprises dans le secteur ? Malgré la « forte » demande, encore trop peu de projets aboutissent, en raison d’un manque de financement et de visibilité. Car l’industrie du X a aujourd’hui, malgré la présence massive de contenu érotique dans notre quotidien - affiches dans le métro, séries TV, clips vidéos musicaux - toujours mauvaise réputation et les banques et autres fonds d’investissement refusent souvent d’investir dans la SexTech par peur d’entacher leur «image».
La start-up B-Sensory a d’ailleurs, et cela malgré le prix de l’innovation remporté au CES 2016, eu de grandes difficultés à trouver une solution de financement pour son vibromasseur connecté Little Bird et son catalogue de lecture érotique.
Après avoir amorcé sa transition vers la VR en 2015, le leader français de la pornographie, Marc Dorcel, toujours à la pointe des nouvelles technologies, vient de lancer son incubateur de start-up Dorcel Lab. L’incubateur vise à contribuer au développement de start-up de la SexTech en accompagnant cinq projets par an. Le but de la manœuvre est bien entendu de faire émerger de nouveaux produits et de nouveaux acteurs sur le marché des « produits adultes ».
Les sextoys intelligents
Secteur qui ne connaît pas la crise et représente environ 22 milliards d’euros par an, le marché des sextoys est en pleine expansion. Et avec le développement des objets connectés, de nouveaux jouets pour adultes ont vu le jour comme par exemple les vibromasseurs contrôlables à distance Vibease ou Ohmybod.
Mais pour les fabricants de sextoys, pas question de rester au simple stade d’objet télécommandé. Ainsi, des jouets un peu plus évolués commencent à voir le jour, comme par exemple, le vibromasseur HUM, premier sextoy doté d’intelligence artificielle (IA), capable d’apprendre des réponses physiques de son utilisatrice et d’adapter ses vibrations en fonction.
Avec Little Bird, B-Sensory a également misé sur une expérience différente des sextoys habituels en associant un vibromasseur connecté à la lecture de romans érotiques. La lectrice profite ainsi de vibrations plus ou moins fortes en fonction des scènes qu’elle peut découvrir dans le roman.
Grâce à Kissenger, les couples vivant des relations à distance, pourront bientôt palier au manque de contact physique grâce à Kissenger, un objet capable de reproduire les mouvements de bouche de son partenaire.
Avec l’arrivée de la réalité virtuelle, de nombreux sites associant télédildoniques (stimulation sexuelle à distance) et contenu VR sont désormais légion sur le web. CamSoda propose ainsi un service de fellation à distance via le masturbateur Onyx de l’entreprise néerlandaise Kiiroo.
Les japonais, toujours à la pointe quand il s’agit d’associer sexe et technologie, ont mis au point en 2016 une combinaison interactive capable de se synchroniser à du contenu pornographique. Disponible pour seulement 400 dollars, la combinaison conçue par Tenga et baptisée Illusion VR, est doté d’un sextoy pour homme ainsi que d’une fausse poitrine. Synchronisée à des contenus Hentai (mangas érotiques), la combinaison est ainsi capable de simuler avec un certain réalisme, un contact corporel.
Plus que de simples « objets télécommandés », les sextoys connectés, pourront-ils à terme se substituer aux véritables êtres humains transformant les relations charnelles en relations virtuelles ?
Les robots sexuels, déjà une réalité
Et si les robots, comme on a pu en voir dans la génialissime série Westworld ou encore Humans, étaient déjà une réalité ? Les robots n’appartiennent plus au domaine de la science-fiction, comme l’a démontré le franco-japonais SoftBank Robotics avec Nao, Roméo et Pepper. Ces derniers restent cependant, pour l’instant, des robots de compagnie destinés aux personnes âgées ou en situation d’isolement.
Mais tout est sur le point de changer avec Harmony, version robotique de la poupée gonflable « Realdoll » créée par Matt McMullen, CEO de Abyss Creations. Harmony est dotée d’intelligence artificielle, elle peut ainsi bouger les yeux, froncer les sourcils, sourire, discuter, faire des blagues et est bien entendu toujours partante pour des relations sexuelles. Résultat de plusieurs années de recherche, elle intègre des technologies de reconnaissance vocale et faciale, des capteurs de mouvements et d’ingénierie animatronique. Harmony, n’est cependant pas encore en mesure de marcher, l’investissement nécessaire étant encore trop important en terme de recherche et développement. Pour son créateur, permettre à Harmony de se déplacer n’est de toute façon pas une priorité dans la mesure où pour divertir son propriétaire, elle n'a pas besoin de se lever. Harmony sera disponible à la vente très prochainement pour environ 15 000 dollars.
Harmony n’est pas la seule femme robot présente sur le marché. La société True Companion avait fait sensation en présentant Roxxxy, au CES de 2010. Personnalisable comme Harmony – vous pouvez choisir la couleur de ses cheveux, de ses yeux, etc. - Roxxxy dispose également de cinq personnalités distinctes : frigid Farah, la personnalité timide de la poupée, Wild Wendy l’aventureuse, SM Susan pour hommes dominateurs, Young Yoko la novice et enfin la très expérimentée mature Martha. Sur le site de True Companion, on trouve également un robot masculin Rocky, lui aussi personnalisable et dédié au plaisir de ces dames.
Ces partenaires humanoïdes supplanteront-ils dans un futur proche nos amants faits de chair et d'os ?
On peut très bien imaginer ces robots sexuels ou sexbot être utilisés par exemple dans le traitement des troubles sexuels, ainsi que chez les personnes handicapées et en proie à la solitude. Elles pourraient également remplacer les prostituées et mettre ainsi fin au trafic d’êtres humains, situation d’ailleurs imaginée par les créateurs de la série Humans. Et comme, contrairement aux humains, les robots ne contractent aucune maladie, le sida et autres MST pourraient ainsi disparaître de la surface de la planète.
Si l’on se veut un peu moins optimiste, les robots risqueraient également de remplacer nos partenaires humains. Au Japon, où le sexe est pourtant omniprésent, les relations sexuelles au sein des couples sont assez rares (1 à 2 fois par mois) et paradoxalement une grande partie de la population nippone considère le sexe comme « sale » ou « effrayant » et préfère se plonger dans ses fantasmes. Autre raison pouvant expliquer, le rapport compliqué entretenu avec le sexe, est la timidité des Japonais, qui préfèrent avoir des relations avec des compagnons virtuels plutôt que réels. Dans un monde où posséder un sexbot serait banal, une personne timide pourrait alors choisir un compagnon robotique pour éviter l'angoisse provoquée par les rapports sociaux. Dans une vision catastrophiste, on peut imaginer la disparition progressive des rapports humains, causant une forte baisse de la natalité et conduisant finalement à la disparition de l'espèce humaine. Autre dérive possible, en cas de décès de l’être cher, il pourrait être envisageable de façonner soin robot à l’image de son partenaire pour atténuer son chagrin créant ainsi une situation d'enfermement psychologique, situation que l’on retrouve dans la deuxième saison de Black Mirror.
Série TV Humans
Toujours est-il que les robots sexuels existent et vont certainement se développer dans les années à venir. Pour de nombreux chercheurs, il est même probable que d’ici 2050, chaque foyer soit équipé d’un robot domestique (pas forcément sexuel).
Même si peu d’acteurs sont encore présents sur le marché colossal des sextoys, la tendance est peut-être sur le point de changer grâce aux hackatons et autres initiatives lancées par les leaders de l’industrie pornographique toujours en quête d’innovation. La SexTech risque ainsi de représenter une part plus importante sur le marché des objets connectés. Et vous, pensez-vous que les sextoys et autres robots sexuels vont devenir des objets du quotidien dans un avenir proche ?